Sexe et religion


Dans nos sociétés occidentales modernes, les religions sont souvent synonymes de mœurs conservatrices. Pourtant, cela n'a pas et cela n'est pas toujours été le cas...

Dans l'antiquité, les religions polythéiste intervenaient peu dans la notion de morale. L'idée générale étant qu'il y avait une infinité de dieux, qui représentaient autant de comportements. Rien n'était vu comme "mal". Souvent, pour sceller la paix avec tel royaume, un empereur épousait la fille du roi en question, quitte à avoir plusieurs épouses. Et plus un empereur avait d'épouses venues de différentes régions, plus il semblait puissant.
En Perse, les premières lois morales visaient l'adultère. Du moins, l'adultère chez les femmes mariées (les hommes pouvant batifoler), qui était passible de mort. Une veuve conservant le statut de "femme mariée".
En Egypte, l'ancêtre de la dick pic, c'était d'envoyer un poème salace (que l'on faisait écrire par un scribe) à la fille sur laquelle on avait flashé.
Dans la Grèce antique, l'homosexualité masculine était tolérée, voire encouragée. Platon disait qu'en jouissant dans une femme, on procréait, mais en jouissant dans un homme, on allait vers la connaissance. Sachant que par "homme", on entendait un mâle à peine pubère. Car une fois pubère, l'homme se devait d'être actif.
Dans la Rome antique, la maison close (avec des prostitués hommes ou femmes dedans) était un lieu de discussion et de rencontre formelle. Au même titre que les bains publics ou les arènes. Les Romains en construisirent dans toutes les régions où ils s'implantaient !

La chrétienté finit par prendre le contrôle de Rome. Elle imposa sa morale. Le sexe devait être réservé à la procréation. Toutes les autres pratiques (masturbation, fellation, sexe anal, rapports homosexuels...) étaient qualifiées de "sodomie" (rapport à la parabole de Sodome et Gomorrhe.) Les sodomites devaient être châtiés. Les barbares fondèrent des royaumes et se convertirent au christianisme. Les clercs expliquèrent à ces nouveaux rois que dieu a puni les Romains pour leur décadence. Peu à peu, les clercs firent vœux de chasteté. Jésus n'était pas vu comme le fruit d'un rapport sexuel, mais comme le résultat d'une intervention divine. Au Moyen-âge, les évêques encourageaient l'abstinence...
Paradoxalement, c'est du côté de l'islam qu'il fallait trouver une promotion du sexe. A l'origine, les Arabes n'étaient qu'une tribu parmi d'autres, dans la péninsule arabique. Outre les conquêtes militaires, l'islam comptait sur une submersion démographique des peuples de la rive sud de la Méditerranée et du Moyen-orient. De plus, dans l'islam, Mahomet est né d'un rapport sexuel (NDLA : le souffle divin étant indivisible) et il doit revenir. Tout enfant à naitre, au sein d'une famille musulmane, est potentiellement le prophète. Donc, plus vous faisiez d'enfants, plus vous aviez de chance que le prophète ne revienne ! Les textes, images, chansons et danses érotiques étaient là pour encourager la procréation (et servir également d'éducation sexuelle.)

A la renaissance, il y eu un schisme en Europe. L'Europe catholiques allait vers toujours plus de sécularité. Les écris érotiques circulaient sous le manteau. Les maisons closes réapparaissaient. Certains artistes étaient plus ou moins ouvertement homosexuel. La moral, en particulier en France, était que tous ce qui se passait dans la sphère privée était permise. Et en public, il fallait rester discret. Le sexe extra-marital était toléré, tant que la fille ou la femme adultère ne tombait pas enceinte. L'homosexualité masculine était toléré, tant que ce n'était pas avec un enfant (on parlait alors de "pédérastie", ce qui donnera le mot "pédé".) Ou bien, comme Restif de la Bretonne et Casanova, vous pouviez travailler pour la police et ainsi vous garantir l'impunité...
Les protestants, eux, voulaient réglementer la sphère privée. La séduction dans l'espace public était proscrite et en privé, le sexe devait être réservé à la procréation. Le "crime de sodomie" reprenait de la vigueur... Mais lors de la colonisation de l'Amérique, les dogmes furent ébranlés. La population des colonies ne décollait pas et les Hommes (en particulier les femmes) tombaient comme des mouches. Alors les prêtres encourageaient leurs ouailles à faire des enfants. Les veuves étaient aussitôt remariées. Le sexe, c'est mal, mais faites-le quand même ! Lors de la ruée vers l'or, la baie de San Francisco (jusque là peuplée que de quelques hameaux) fut prise d'assaut. Chercheurs d'or et vendeurs d'équipements affluaient. C'était souvent des célibataires (qui comptaient fonder une famille une fois leur fortune faite) ou des fermiers ayant laissé femmes et enfants derrière eux. Les conditions étaient rudes et faute de logement, ils se retrouvaient à partager à deux le même lit de l'unique pièce de leur cabane. Difficile de savoir quelle était la proportion d'homosexuels. Mais pour une fois, les moralisateurs détournèrent le regard. Et même une fois que la situation se stabilisa, que de vraies villes furent bâties et que les femmes débarquèrent, l'homosexualité masculine restait tolérée.
Le mouvement des lumières, les découvertes scientifiques et l'urbanisation galopante achevèrent la sécularisation de l'occident. La maison close retrouvait le rôle social de la Rome antique. D'une manière épidermique, au sein des trois religions monothéiste, on voyait naitre des mouvements ultra-conservateurs et puritains.
A cette époque, les occidentaux colonisèrent l'Afrique et l'Asie. Alors que le catholicisme était en perte de vitesse en Europe, les "pères blancs" faisaient preuve de prosélytisme... Mais en parallèle, les colons implantèrent des maisons closes. Il (re)créaient des imageries érotiques locales (comme la Mauresque) et prenaient des concubines "indigènes". Dans l'Afrique sub-saharienne on voyait des jeunes gigolos homosexuels. Ils sortaient avec des blancs pour se constituer un capital en vue de fonder une famille. Les colonies étaient donc un drôle de cocktail de religiosité et de luxure.

Aujourd'hui, on voit une situation très contrastée.
En occident, christianisme et judaïsme n'ont plus aucun poids politique. Face aux évolution sociales et sociétales, les religions se sont retrouvées à la traine. De Vatican II à François, les papes ont tenté de moderniser leur discours. De promouvoir avant tout la "décence", la "moral publique" ou le bien de tous, sans référence à l'ordre divin. Un discours qui ne passe pas en ces temps de recherche d'un bonheur individuel et immédiat... Et qui place ces papes en porte-à-faux de leurs fidèles, souvent très conservateurs. Les mouvements religieux sont souvent synonymes de droite, voir d'extrême-droite.
Les Etats-Unis sont un cas particulier. Face à la menace de voir les temples se vider, les protestants assurent la promotion du sexe, entre adultes consentants. Ou plus précisément, entre adultes mariés et hétérosexuels consentants. C'est le cas de Beyonce : elle porte des tenues très suggestives dans ses concerts, mais elle est mariée, à deux enfants, aucun amant connu et surtout, elle va au temple tous les dimanches. C'est un moyen de proposer un paradigme alternatif à la culture de la jouissance immédiate de la communauté gay. On retrouve peu ou proue la même mentalité dans les pays chrétien orthodoxe. En particulier la Russie.
Dans les pays riches d'Amériques du Sud (Argentine, Brésil...), les églises catholiques et protestantes se montrent tolérantes. Aucune consigne n'est donnée en matière de sexe et même les transsexuels sont tolérés.
Même son de cloche en extrême-orient. Le bouddhisme (mais aussi le christianisme et l'islam) a du faire face à une vague d'athéisme plus ou moins volontaire (la Chine ayant interdit la pratique religieuse durant les années 60-70.) D'où une politique de porte ouverte. Notez qu'en Asie, il existe traditionnellement une morale assez conservatrice, le confucianisme. Néanmoins, il s'agit d'un mouvement laïc très informel.
Dans les pays émergents chrétiens (Amérique latine, Caraïbes, Afrique, Pacifique...), l'église considère que parler d'IST, de contraceptifs ou chercher à réguler la natalité, c'est promouvoir le sexe. D'où un discours axé sur l'abstinence, qui ne correspond pas à la réalité de la vie sexuelle des populations. D'où des résultats désastreux sur le plan sanitaire et démographique.
Reste le cas de l'islam. L'islam possède énormément de nuances. Il existe différents courants (principalement le sunnisme et le chiisme), des états laïques, des états islamiques (républiques ou royaumes), des états où plusieurs minorités musulmanes cohabitent, des états musulmans hors du monde arabo-musulman historique (comme le Surinam ou les Comores), des états où l'islam est très minoritaire et des états où l'islam possède une communauté suffisamment nombreuse et homogène pour s'organiser (comme la France.) Néanmoins, l'islam pieux de la fin du XIXe siècle s'est mué en un islam radical, conquérant et urbain. Avec une concurrence dans la radicalité entre courants. Dans sa forme la plus radicale, c'est un mouvement viriliste, mais où les femmes sont exclues de la vie publique. Le sexe est réservé à la vie conjugale, quitte à ce que des femmes mariées portent de la lingerie sexy sous la burqa. Les jeunes hommes sont frustrés, d'autant plus qu'ils consomment volontiers de la pornographie (on retrouve souvent des magazines pornos et des films X en grande quantité chez les djihadistes.) Mais pas question de faire l'amour avant le mariage. Les plus chanceux trouvent une copine qui accepte de donner discrètement sa bouche et ses fesses. D'autres, sur les lieux de villégiatures, jouent les beach boys, ce jeunes gigolos qui ciblent les riches blanches âgées. Néanmoins, d'autres passent leurs nerfs sur des femmes. Même voilée, la femme est volontiers agressée sexuellement, voire violée (parfois des hommes aussi, se font agresser.) Sachant que si la victime se plaint, elle risque d'être accusée d'avoir provoqué l'homme, voire d'être punie, en tant que femme adultère. Tout ceci est vu comme "médiéval", alors qu'au Moyen-âge, le monde Arabo-musulman était l'espace le plus sensuel !

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