Concupiscence (1997)


Au milieu des années 90, une vague de réalisateurs Français se rebellent contre Marc Dorcel et ses histoires jugées trop ringardes. Canal +, premier acheteur de films X, les a sans doute encouragés. Après tout, il en avait sans doute marre de diffuser chaque mois des pornos made in Dorcel.

Dans le lot, il y a Jean Guilloré, alias Paul Forguette et surtout, John B. Root. Ancien réalisateur sur France 3, il se lance dans un style plus moderne.

John B Root aime l'humour graveleux. On peut soupçonner que le titre a été choisi car il avait l'air chic... Tout en possédant les mots "con", "cul" et "pisse". Un jeune employé d'assurance est envoyé à Budapest. L'actrice principal, Fovéa (dans son propre rôle) a disparu en plein tournage. A-t-elle été enlevée ? Le narrateur mène l'enquête aux côtés d'une interprète, la troublante Andrea Teeny. Sur le fond, c'est un porno avec une vraie intrigue. Même si, bien sûr, on se doute un peu du happy end... D'ordinaire, les acteurs masculins sont des supermen qui se tapent tout ce qui bougent. Là, le narrateur est maladroit et lorsqu'il tente de draguer Andrea Teeny, elle l'envoie promener ! L'autre particularité, c'est qu'il est tourné en vue subjective, comme si on était dans la tête du narrateur. C'était encore assez inédit en 1997.
Concupiscence permit à JBR de faire connaitre sa première muse, la rousse Fovéa. Canal+ lui acheta ses autres films, Pornovista, Sextet (une biographie plus ou moins imaginaire de Fovéa) et Fovéa! Ces dernières années, il a un peu disparu des écrans de radar. Signalons qu'Andrea Teeny a également vite disparu.
Concupiscence est aussi l'un des seuls films où les acteurs Hongrois ont un vrai rôle. Après la chute du mur, les producteurs de X se sont rués sur la Tchécoslovaquie et la Hongrie. On y trouvait de la blonde à forte poitrine et du mec baraqué. Le problème, c'est qu'ils parlaient rarement des langues étrangères. On leur refilait donc des scènes sans dialogues. Notamment les double-pénétrations, qui faisaient bien sur la jaquette. L'intérêt, c'est qu'ils étaient moins chers. De plus, nous étions en pleine explosion du sida. Les acteurs de l'Est étaient moins au courant des IST. Les producteurs leur mettaient la pression : "Mettre une capote ? Ecoute, Tatiana, si tu ne veux pas tourner, je trouve dix filles qui veulent ta place..." D'ailleurs, ils ont ensuite délocalisé en Roumanie, puis en Ukraine, voir en Russie...
John B Root fut l'un des seuls à avoir des scrupules. Il a aussi été un pionnier de l'utilisation du préservatif. L'exception qui confirmait la règle...

Commentaires

  1. Je me demandais si tu allais faire des articles sur des réalisateurs actuels qui sont assez controversés comme Pierre Moro ou Pierre Woodman ? En effet, ce serait intéressant que tu parles de l'évolution du porno avec l'arrivé des sites amateurs types Jacquie et Michel (si tu l'as déjà fait désolée).

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire